A l’occasion de la 3e édition du FIFFH (Festival International du Film de Fiction Historique), Emmanuel Finkiel a présenté son dernier film, La Douleur, adapté du roman éponyme de Marguerite Duras.  

En juin 1944, alors que Paris est toujours occupé, Robert Antelme, figure de la Résistance, est arrêté et déporté. Pour Marguerite, son épouse, s’en suit une longue période d’angoisse et d’attente. Prête à tout pour retrouver l’homme avec qui elle partage sa vie, elle se rapproche d’un officier de la Gestapo, le seul à pouvoir l’aider. Avec la fin de la guerre et la libération des camps, Marguerite Duras doit faire face à la frénésie qui envahit Paris alors qu’elle est dans une longue et douloureuse attente : celle du retour de son mari.

TVDICI : Pourquoi avoir voulu adapter le roman de Marguerite Duras, La Douleur ?

EMMANUEL FINKIEL : En premier lieu parce qu’on me l’a proposé et que j’ai vu ça comme une formidable opportunité. C’est un livre que j’avais lu étant plus jeune et qui m’avait marqué. Mon père a attendu toute sa vie que ses parents reviennent, ils avaient été déportés lors de la rafle du Vél-d’hiv. Par conséquent, j’avais pu observer chez mon père et ressentir ce que raconte ce livre. Je pense que tout cela fait une excellente raison de l’adapter.

TVDICI : Dans ce film vous montrez une réalité qu’on connaît peu en définitive, celle de ces gens qui, à la Libération, ne sont pas dans l’euphorie mais encore dans la douleur et l’attente des êtres qui leur sont chers et qui ne sont pas revenu des camps… 

EMMANUEL FINKIEL : Oui, Marguerite Duras le dit d’ailleurs, le deuil du peuple, De Gaule s’en fout ! L’après-guerre, c’est l’époque des victorieux, des vainqueurs et ceux qui ont perdu des êtres chers ou qui les attendent ce ne sont pas des vainqueurs. Ils sont libérés de l’occupant, mais ils sont vaincus en même temps.

TVDICI : Ce film est avant tout un film sur l’attente, comment met-on en scène ce sentiment ?

 EMMANUEL FINKIEL : C’est vrai que ce n’est pas simple. La grande difficulté est de ne pas ennuyer les gens, mais il ne faut pas non plus que le public ait l’impression que c’est trop facile. Le scénario est d’abord très important. On imagine des situations qui caractérisent des sentiments personnels, il faut montrer à l’extérieur quelque chose qui caractérise ce qu’on ressent à l’intérieur. Finalement, le cinéma ce n’est que filmer de l’action, il faut donc trouver ces micro-actions qui reflètent ce que ressent le personnage principal.

TVDICI : Le personnage principal, Marguerite Duras, est d’ailleurs superbement interprété par Mélanie Thierry. Ça a été une évidence pour vous de la choisir pour ce rôle ?

EMMANUEL FINKIEL : Juste avant La Douleur j’avais fait un film dans lequel Mélanie Thierry avait un rôle secondaire. Et déjà, j’avais pu apprécier et bénéficier de son grand talent. Quand j’ai commencé à préparer La Douleur je confesse que je n’avais pas du tout pensé à Mélanie Thierry, physiquement je ne l’imaginais pas dans ce rôle. J’ai donc commencé à faire des essais et Mélanie m’a contacté pour en faire aussi. Et, comment vous dire, on a l’habitude de faire des essais dans ce métier, mais là, nous avons tous été subjugués. Il y a eu comme une évidence, on a assisté à ce moment où une actrice rencontre un personnage. De plus, on avait cette difficulté durant les essais, on cherchait une actrice qui puisse à la fois incarner cette jeune femme romantique, voire romanesque, et en même temps qui ait une épaisseur et une maturité, qu’on ressente un vécu. C’était important, car il y a deux dimensions dans ce personnage et ce film : il y a cette jeune femme, mais il y a aussi Marguerite Duras et cette voix-off qui donne du recul. Il fallait avoir tout ça et je dois dire que Mélanie Thierry l’avait.

La Douleur sortira en salle le 24 janvier 2018